Face, Surface : ces deux séries réalisées par Jérémie Blancféné , émanent de plusieurs explorations.

En premier lieux, de la confrontation avec l’exercice de l’autoportrait.
Un cheminement qui l’aura entraîné à créer ce personnage-capteur, qui oeuvre telle une plaque photographique : en révélant. Le petit fragment de miroir en place du visage créé une confrontation surprenante avec cette silhouette inédite, frôlant « l’inquiétante étrangeté » . La captation se fait ici de manière aussi précise qu’incertaine, toujours étonnante. Notre attention est mise en alerte à chaque prise de vue. Visage couvert mais pleinement offert : une succession de paradoxes nous apostrophe et nous ramène à des effets déstabilisants. Ainsi, entre interrogation et circonspection, nous sommes embarqués dans des pérégrinations qui aiguisent l’expérience du regard.

En second lieu, c’est une réalité de terrain qui opère.
L’artiste portraiture sa traversée de zones périurbaines, ces espaces entre deux mondes, aussi organisés que fantomatiques. Des façades aveugles racontent bien au-delà du simple pignon. Les choix sont précis, audacieux. Ils nous entrainent d’une réalité brute à des confrontations de mutations sociétales, imposant répétitions et interchangeabilité. L’observation du photographe isole les détails, révèle les contours, atteste autant des nuances que de l’uniformisation.

Ces deux univers distincts se font face de manière réflexive.
Du rêve aux chimères, quelle part pour le Réel ?

Entre les deux salles, un passage.
Une photographie prise dans d’un puit de nature, nous présente l’installation d’une porte fermée, singulièrement peinte. Effet miroir : elle reflète une part conséquente d’imaginaire et par extension de contemplation.
flc , mai 2022